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  • : Le blog de Maya.P
  • : des romans, des contes, des histoires pour les petits, tout un espace dédié à la jeunesse mais pas seulement...
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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 10:32
- Bon, on va voir les  résultats du scanner.

Le professeur Masson analysa les radios du cerveau de Maya et fut étonné de ce qu’il y trouva. Le bleu, qui n’avait pas bougé depuis la naissance de la fillette, s’était étendu. Il remarqua un petit renflement au centre et fut inquiet pour sa jeune patiente.

- Dis-moi Maya, rappelle-moi ce dont tu te plaignais l’autre jour.

Maya expliqua les visions, les images qui jaillissaient lorsqu’elle était en contact avec son amie. Le collier de coquillage offert, les enveloppes qui lui étaient apparues comme si elle avait eu ces objets sous les yeux.

-Bon, alors on va procéder par ordre. Le collier de coquillages t’as été offert à quel moment par rapport à ta fameuse vision. Elle a eu lieu avant qu’on t’offre le cadeau ou après ?

- Avant, pourquoi ?

- Tu penses l’avoir eu avant… bon, bon… Le Professeur Masson réfléchit à la façon d’expliquer à Maya le phénomène. Bon, voilà jeune fille, ton bleu s’est agrandi et un petit pédoncule est apparu au centre… Ce n’est pas grave, ne te fais pas de soucis. Mais, cette petite excroissance crée une pression sur ton cerveau. Tout en lui parlant, il dessinait un croquis destiné à rendre plus compréhensible son raisonnement. En réalité, il dessinait si mal que son schéma était plus confus que ses mots.

- Donc, ce petit opercule exerce une pression sur le côté temporal de ton crâne. Et il se trouve que ce morceau de ton cerveau est le siège de la chronologie et ton bleu peu provoquer des hallucinations ou chambouler l’ordre des situations que tu as vécues… J’ai tout lieu de croire que tu inverses les évènements… il marqua une pose. Voilà, tu sais tout. Lança-il en posant son stylo.

Le visage de Maya se transforma, ses yeux brillants fixaient le gribouillis du professeur, cherchant un point faible dans sa démonstration savante pour la renverser.

- Bon, ne fais pas cette tête! il ne faut pas t’inquiéter. Je vais te garder en

observation quelques jours. On va faire quelques tests, ensuite je te donnerai le traitement adéquat… Bon, dit-il en se levant de son fauteuil de cuir noir, Je vais prévenir ton père.

Il s’empara du combiné du téléphone et composa le numéro que Maya lui épela.

 

Elle  était sous le choc. Aurait-elle tout imaginé ? il avait sûrement raison. Elle avait sans doute vu les lettres, les coquillages sans y prêter attention. En revanche, elle ne s’expliquait pas les moments où les apparitions avaient lieu. La confusion s’empara d’elle et une sorte d’angoisse profonde la submergea.

Une infirmière vint la chercher pour la conduire dans sa chambre. Elle dut secouer Maya un peu pour la sortir de sa torpeur. C’était une femme grande, robuste et noire. Son sourire franc et ses yeux rieurs plurent à Maya. Elle se laissa mener dans le méandre des couloirs et des escaliers en toute confiance.

C’était une chambre double et l’autre lit était occupé par une fillette un peu plus jeune. Son crâne était enturbanné comme les fakirs indous, elle était immobile. Son  regard vague impressionna Maya.

- Qu’est qu’on lui a fait ? questionna –t-elle

- On l’a opérée hier, Chuchota l’infirmière. Elle avait une tumeur, c’est

normal qu’elle soit un peu dans les vaps.

Tout en parlant, elle préparait le lit de Maya, vérifiait que tout fut conforme.

-  C’est à cause de la perfusion… on lui injecte des médicaments contre la

douleur, très fortement dosés. ça endort. Au moins, elle ne t’embêtera pas. Ajouta-t-elle en lui clignant de l’œil. 

Maya comprit la plaisanterie et esquissa un léger sourire.

La grande femme sortit du placard une chemise bleue et la tendit à Maya.

- Tiens princesse, tu la passeras et puis au lit. Le repas ne va pas tarder à être servi. En attendant, il y a des bandes dessinées dans la table de nuit. Je me sauve, à tout à l’heure. Je passerai voir si tout va bien.

Maya s’exécuta et attendit le nez à la fenêtre. Les branches des arbres bouchaient toute la vue. Elle ne pouvait apercevoir qu’un petit bout du ciel sombre. Il faisait déjà nuit noire.

Un jeune homme entra bruyamment dans la pièce et fit sursauter Maya. Il poussait un chariot sur lequel étaient entreposés des plateaux-repas.

- Bonjour, je m’appelle Marc. je t’emmène ton repas. Tu as faim j’espère !

Maya opina de la tête.

- Tu ne t’es pas présentée, continua-t-il.

- Maya, je m’appelle Maya Poulain, répondit-elle timidement.

- Maya ? comme Maya la petite abeille ? bzz bzzz. fit-il en zigzagant tout

autour de son lit. En même temps, il installa la table à roulette et le plateau sous le nez de l’enfant.

- Voyons voir ce que le chef nous a concocté ce soir ? il retira le chapeau qui recouvrait l’assiette. Magnifique ! dit-il en humant le fumet qui s’en dégageait. Du poisson panné et des pâtes au beurre. Un repas de reine !  De reine… des abeilles, cela va de soi ! rajouta-t-il, solennellement.

Maya, séduite par cet hurluberlu se laissa aller à un petit rire embarrassé.

-Une abeille qui rit comme une petite souris… On aura tout vu ! remarqua-il en s’éloignant. Puis il disparut, tel un polichinelle réintégrant sa boîte.

 

La soirée fut longue dans sa chambre d’hôpital. Après avoir pris son repas et son traitement, Maya feuilleta le journal de sa tante Agathe mais l’écriture illisible la découragea une fois de plus et elle n’eut pas le courage de poursuivre. Les bandes dessinées mises à sa disposition ne l’intéressaient guère et elle n’avait pas  sommeil. 

Un moment, elle observa l’enfant qui dormait tout près d’elle. Elle était mignonne, son petit nez en trompette était ombré de tâches de rousseurs et sa bouche minuscule, rouge cerise luisait comme le fruit. Elle avait de longs cils sombres qui couvraient le haut de ses pommettes. Maya s’en approcha et lui caressa la main comme elle l’avait déjà fait pour Ayma.

Dans son fort intérieur elle voulait se prouver que les images perçues alors n’étaient pas une hallucination ou bien une illusion. Pour cela elle devait renouveler l’expérience. L’enfant immobile, qui s’offrait à elle, ne réagit pas à son contact. Sa respiration régulière et mélodieuse se poursuivit.

Maya avait peur, peur de ce qu’elle allait découvrir sur elle. Mais sa décision était prise. Elle serra la main de la fillette  et ferma les yeux, attendant les manifestations de son esprit émerger. C’est alors qu’elle eu une révélation.  

 

Maya sentit une douce brise lui effleurer les joues. Elle ouvrit les yeux et découvrit avec stupeur que son corps tout entier avait été transporté ailleurs. Un ciel bleu s’ouvrait à elle et partout des fleurs multicolores recouvraient des champs. Elle serrait toujours une petite main, mais la fillette se tenait droite à ses côtés. Elle était vêtue d’une robe jaune pâle et ses bandages avaient disparu. L’enfant la regardait d’un air confiant, son sourire rayonnait et elle lui parla.

- Que fais-tu dans mon rêve Maya ?

- Tu connais mon nom ? s’étonna Maya.

- Bien sûr, je t’ai entendu te présenter à Marc tout à l’heure. Alors, tu ne m’as pas encore répondue.

Maya hésita, elle ne pouvait pas lui dire qu’elle était entrée dans son esprit, cela aurait été trop compliqué.

- Je suis dans ton rêve car… Tu rêves de moi ! c’est tout bête, non ? allez viens, si on courrait parmi les fleurs.

Elle lâcha la petite main et s’élança sur le tapis fleuri.

- Hé ! Dis- moi comment tu t’appelles ? Héla-t-elle.

Jamais Maya ne s’était sentie aussi légère. Son humeur gaie la conduisit à accomplir toutes sortes de pirouettes qu’elle n’avait jamais été capable d’exécuter dans la vraie vie. C’était un moment magique et Maya le goûtait avec plaisir.

- Je m’appelle Jade…

Soudain, la porte de la chambre s’ouvrit et brusquement Maya sortit de sa rêverie. Elle était trempée, la sueur dégoulinait le long de ses tempes, de son cou, de sa colonne vertébrale. Sa tête bourdonnait, elle eut un vertige et tomba sur le carrelage.

Ses yeux s’ouvrirent sur un visage grimaçant cerné d’une chevelure noire bouclée.

- Ho là ! réveille-toi, Répéta le garçon depuis pour la énième fois en lui

tapotant les joues. Berk, en plus t’es toute trempée ! remarqua-t-il en s’essuyant les mains sur sa chemise. Comme Maya refermait ses paupières, il lui intima l’ordre de rester éveiller.

- Non, ouvre les yeux, allez, tu ne vas pas te rendormir ? et il l’empoigna par le col de sa robe l’attirant à lui.

- Non, je suis réveillée…balbutia Maya. Ecarte toi un peu… pff, j’ai du mal à respirer, dit-elle en le repoussant mollement et en prenant une grande inspiration.

En effet, le garçon était si proche qu’elle aurait pu compter ses boutons d’acné.

- Ok, je m’écarte, répondit-il vexé.

Il se releva et tendit amicalement sa main à Maya.

- Allez, viens, relève-toi.

Maya accepta la main tendue et s’en servit pour se redresser. Il la soutint jusqu'à son lit afin qu’elle puisse reprendre ses esprits.

-  Merci, dit Maya.

-  Qu’est-ce tu fabriquais, debout là, comme un fantôme ?

-  Rien, je ne faisais rien.

-  Tu es sûre, par ce que t’avais un drôle d’air… Au fait, moi c’est Karim et toi t’es qui ?

-  Maya.

-  Maya… Hum…Maya Poulain ?

-  oui, c’est bien ça.

-  tope là, Maya ! il leva la main attendant le geste en retour… comme il ne venait pas, il rattrapa son mouvement en le poursuivant, l’air de rien.

- Tu te souviens de moi ? on était dans la même école au primaire… on a

eu la même maîtresse une fois, Madame Coulombe, avec son chignon. Ça te revient ?

- Heu, oui… Madame Coulombe… ah, oui je me souviens… de toi.

Maya feint de le reconnaître, son visage ne lui rappelait personne. Pour éluder le sujet elle passa à autre chose.

Comme elle avait très soif, elle attrapa sa bouteille d’eau restée sur la table à roulette et la but d’un trait. Karim éberlué par sa descente ouvrit des yeux large comme des soucoupes. Une fois désaltérée, Maya se sentit mieux. Elle releva l’expression du garçon.

- On dirait que tu viens de voir un extraterrestre.

- C’est pas ça, mais t’as descendu un litre et demi d’un seul coup.

- Dis-moi, tu venais faire quoi dans ma chambre ?

- Je t’ai sauvée et c’est comme ça que tu me remercies ?

- Tu n’as pas répondu à ma question.

- En fait, je venais voir ma copine Jeanne. Répondit-il en désignant du pouce la fillette endormie.

- Ah ! Jade.

- Jade ?! c’est qui celle-là. Non, pas Jade, Jeanne. J’en suis sûr, regarde c’est écrit là. Il lui montra la feuille d’enregistrement accrochée au pied du lit.

Maya fut troublée, Jade était le prénom de sa mère. Comment avait-elle pu faire cette confusion ? Karim la tira de ses pensées.

- Ça fait une semaine qu’on se retrouve le soir pour faire… il hésita, et chuchota à l’oreille de Maya en utilisant sa main pour éviter que sa voix ne se sauve. T’aimes les chocolats ?

- Oui, j’adore.

- Alors, suis-moi, je vais te montrer la réserve à chocolat…

Il attrapa Maya par la main et l’entraîna hors de la chambre. À la lumière blafarde, les deux enfants en chemise avaient l’air de spectres hantant les couloirs de l’hôpital. Il était tard et la majorité du personnel avait quitté l’établissement, ne restait que l’équipe de garde qui se réduisait à une personne par étage. Karim avait l’air de connaître les lieux comme sa poche. Il circulait sans se poser de question sachant exactement où se trouvait le poste des infirmières, l’escalier de service, la salle d’attente des patients externes.

-  Suis-moi et fait exactement ce que je te dis. Si on se fait pincer, on aura qu’à dire qu’on ne se connaît pas et qu’on s’est perdu.

Maya, se demanda ce qu’elle était en train de faire avec ce garçon qu’elle connaissait à peine. Elle s’était laissée entraîner par faiblesse, parce qu’elle n’était pas remise de son expérience. Paula ou Laura,  quelle importance ce qu’elle venait de vivre était unique et merveilleux, un peu comme un rêve éveillé. Et maintenant elle dévalait les couloirs les escaliers, suivait avec une totale confiance un parfait inconnu. Un moment, elle se demanda s’il n’était pas à la solde des hommes à la casquette, s’il n’était pas en train de l’enlever avec son consentement. Elle freina brusquement dans sa course, le laissant aller au-devant tout seul. Il se retourna, la questionna du regard. Un sourire illumina son visage, il lui fit signe de le rejoindre. Il avait le regard franc, des dents écartées d’un blanc éclatant et sa chevelure lui apparut plus dense qu’elle ne l’avait observée précédemment. Tout dans sa physionomie inspirait la confiance. Enfin, elle se rappela le garçon du primaire, un petit bout de choux remuant et sympathique qui la suivait partout. Jamais, elle n’aurait cru que celui qu’elle considérait comme un avorton alors, aurait pu devenir un garçon si beau et si baraqué.

- Qu’est ce que tu attends, viens. articula-t-il à voix basse. Maya se rapprocha et ils filèrent dans l’escalier. On est presque arrivé, tu vas voir c’est le paradis pour les amoureux du chocolat ! il était si enthousiaste qu’il attrapa Maya par la main et ainsi liés ils dévalèrent la spirale de marches.

Ils débouchèrent dans un étroit corridor gris et sombre, à peine éclairé par des lanternes veilleuses. Au plafond la tuyauterie était apparente et donnait au lieu, l’allure d’un sous marin. Il n’y avait pas de carrelage sur le sol seulement un revêtement de béton.

- Où m’entraînes-tu ? osa demander Maya, pas très rassurée depuis qu’ils avaient abouti dans cette sorte de tunnel.

-  Chut ! nous sommes dans les entrailles du vaisseau. Reste là, je reviens.

Karim donnait l’impression de savoir ce qu’il faisait. Mais l’endroit était glauque. Un bruit sourd de chaufferie et le souffle d’une turbine d’aération étaient mêlés en une cadence régulière qui semblait être la respiration d’une armée de géants dissimulés derrière les murs.

Les quelques minutes passées à attendre Karim parurent à Maya des heures tant elle avait peur de voir déboucher un monstre. « il est long, il est vraiment long… » pensa-elle. Elle était sur le point de rebrousser chemin lorsqu’elle le vit au loin gesticulant et lui faisant signe de venir.

Sans attendre une seconde de plus elle le rejoignit.

- Où m’entraînes-tu ? c’est pas super ici, demanda Maya inquiète.

- Ferme les yeux.

Maya s’exécuta même si elle aurait préféré être ailleurs. Il se plaça derrière elle, posa ses mains sur ses épaules et la poussa en avant de quelques pas.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle fut étonnée. La pièce colorée jaune orangé tranchait avec l’extérieur. C’était une sorte de cuisine aménagée, au centre de laquelle se trouvait cinq ou six chaises et une table ronde sur laquelle étaient disposés des biscuits, deux tasses remplies de chocolat chaud et des fleurs. Maya laissa échapper un soupir d’extase.

- Tu as vu ? c’est pas du bidon, hein ? et derrière le paravent, il y a un lit. Et dans les placards il y des chocolats, des tablettes et même des gâteaux.

Il énumérait les victuailles tout en ouvrant les placards pour montrer à Maya la richesse et l’abondance en chocolat.

- Tu le connais comment cet endroit ? comment tu l’as trouvé ?

- Je passe mon temps à me balader dans cet hôpital chaque fois que j’y viens, à force on découvre. Installe-toi.

Ils se mirent à table, consommèrent leur boisson et grignotèrent leurs biscuits tout en bavardant.

- Et c’est quoi ton truc à toi ? euh, enfin , ton problème… Demanda Maya.

- Moi, j’ai des crises d’épilepsie, parfois elles sont très fortes et ils me gardent quelques jours. Et toi ?

- Moi, j’ai un bleu au cerveau.

- Waw ! comment t’as fait pour te faire un bleu dans le crâne ?

- Ça, je ne sais pas, par contre il me donne un pouvoir… Je peux lire dans les pensées. Ajouta-t-elle avec un air mystérieux.

- Pff, je ne te crois pas. Tu te moques.

Karim éclata d’un rire franc, Vexée Maya le provoqua.

- Essayons si tu veux. Et si ça marche, alors tu devras me rendre un service.

- Ça dépend du genre de service. Se méfia Karim.

- Un genre que tu peux me rendre facilement. Tu marches ? ou bien tant pi,

tu ne connaîtras jamais mon super pouvoir.

- Je marche.

- Donne-moi ta main, ensuite il faut que je me concentre.

Elle attrapa la main du garçon et ferma les yeux.

- Si tu le ne sens pas, c’est pas la peine ! lança Maya un peu en pétard.

- Pourquoi tu dis ça ? j’ai rien dit.

- Alors, tu l’as pensé ?

- Je ne sais pas, non… Non… J’ai pensé à rien.

- Pense à un autre truc. Attends, je me concentre. Oh ! ça ne marche pas !

allez pense à un objet.

- Chut ! attention, on vient.

En effet, des bruits de pas lourds se rapprochaient de la salle. L’impact sur le sol était bruyant et accompagné de vibrations. On aurait dit un éléphant qui se déplaçait.

- Qu’est ce que c’est ? Murmura Maya.

- Je sais pas… En tout cas c’est gros. Allez, viens faut qu’on file.

Il se mit à quatre pattes, fit dépasser le bout de son nez à l’entrée. Malheureusement, on arrivait et ils n’eurent plus le temps de partir. D’un bond, Karim attrapa Maya par le bras et l’entraîna avec lui sous le lit. Serrés l’un contre l’autre, ils attendirent.

 

 

 

 
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